Carrefour de la Résistance

19/03/2021
Carrefour de la Résistance

La forêt d’Orléans est un vaste domaine forestier couvrant une étendue de 35000 hectares. C’était un lieu particulièrement attractif pour tous ceux qui voulaient se dissimuler aux vues de l’ennemi : réfractaires au travail en Allemagne, prisonniers évadés, déserteurs des chantiers Todt, songèrent dès 1942 à chercher un abri dans la forêt ou dans des fermes proches de celle-ci. Dès 1942, il existait donc au carrefour d’Orléans un chantier forestier qui accueillit des réfractaires au STO. Situé au nord de la Loire sur le territoire de quatre communes (Lorris, Montereau, Ouzouer-sur-Loire, et les Bordes), c’était en fait une sorte de vaste rond-point vers lequel convergeaient huit routes, des chemins forestiers, formant une grande intersection à la jonction pile des quatre communes des environs. Quatre maisons forestières se dressaient en vis-à-vis deux par deux, une par commune, plus quelques bâtiments annexes qui constituaient le chantier.

De nombreux jeunes furent ainsi incorporés dans les chantiers forestiers d’Ingrannes et de Lorris et participèrent à des travaux de bûcheronnage pendant quelques mois en attendant un moment favorable pour « résister ». De nombreux responsables des Eaux et Forêts étaient déjà engagés dans des mouvements de Résistance.

Le 14 août 1944, les troupes allemandes investirent la forêt d’Orléans en vue de débusquer le maquis, en représailles à l’attaque d’un convoi allemand par les maquisards au lieu-dit Chicamour sur la RD 2060. L’armée allemande encercla le Carrefour. Une cinquantaine de résistants - maquisards et civils - furent arrêtés et fusillés sur place. Les maisons forestières furent incendiées. Les combats firent rage jusqu’à 21 heures, heure à laquelle les Allemands se retirèrent devant la résistance des maquisards, qui perdirent 16 hommes dans ces affrontements.

Ces événements empêchèrent le maquis de Lorris de participer à la libération d’Orléans. Les maquisards qui survécurent continuèrent leur marche et contribuèrent à la libération de Châteauneuf-sur-Loire, avant de rejoindre Orléans libéré puis de monter sur Paris, afin de participer aux combats pour la libération de la capitale, aux côtés du colonel Marc O’Neill.

En pleine forêt, au carrefour de la Résistance - à mi-chemin entre Lorris et Ouzouer-sur-Loire - un monument rend hommage aux victimes, alors que les maisons forestières incendiées sont restées telles quelles depuis ces événements tragiques. Quelques tombes sont dispersées dans la forêt, les noms des maquisards qui y sont enterrés sont tous répertoriés sur le monument aux morts.

La tombe devant le monument est celle du capitaine Marc O’NEILL (1909-1956). Fils du général O’Neill, qui mourut victime de la Première Guerre mondiale, et petit-fils de l’amiral Auguste O’Neill, il fit la Campagne de France au 10e Régiment de Cuirassiers en affectation à l’Établissement de Cavalerie de Meknès (dans le camouflage du matériel de guerre). En 1941, il revint en métropole, rejoignit l’Organisation civile et militaire dans la Résistance afin d’aider à la mise en place de la résistance en région parisienne. En juillet 1943, il fut nommé responsable du maquis Zone Nord puis délégué militaire régional pour le Loiret, le Loir-et-Cher, le Cher et l’Eure-et-Loir. C’est ainsi qu’il devint l’organisateur et le chef du maquis de Lorris. Il parvint à amener jusqu’à Paris deux maquis motorisés venant de Chartres et d’Orléans qui établirent le contact avec les unités de la 2e DB à Morangis. Il dirigea personnellement, le 25 août, la prise de l’Ecole Militaire avec deux sections pendant que les autres sections de ses maquis prenaient le Ministère des Affaires étrangères et la Chambre des Députés. Il fut fait Compagnon de la Libération.

Envoyé en 1956 en Algérie, il tomba avec ses hommes dans une embuscade.

Temporairement inhumé au cimetière du petit Lac à Oran, la dépouille du lieutenant-colonel O’Neill est rapatriée en France et de nouveau inhumée le 7 juin 1957 à cet endroit